Écrire un poème en alexandrins, de l’harmonie et de la musicalité quand l’âme agit !
L’alexandrin vers de douze syllabes ou pieds nous rappelle la poésie des classiques à l’école et date du XIIe siècle. Il a traversé le temps pour plusieurs raisons : l’harmonie et la musicalité qu’il offre. De nos jours, il est moins utilisé dans la poésie contemporaine qui recherche à s’émanciper des règles de la poésie classique contraignantes.
Je vais vous expliquer pourquoi je suis tombé sous son charme et en quoi il amène une sorte de transcendance avec toutes ses règles, comme si certains de mes vers étaient écrits par une force qui me dépasse.
Je vais vous donner aussi un exemple avec un des poèmes de mon recueil en alexandrins La fleuraison du lac.
Et aussi voici un sonnet mis en vidéo :
Comment inventer un poème
Une poésie est une connexion à Soi, à son âme, à sa sensibilité, à sa vision du monde. Quelques mots peuvent faire un poème. Pour moi tout le monde est un poète. Il est dommage que l’on n’apprenne pas plus à manifester le poète qui est en nous pour enchanter le monde.
Manifester la beauté du monde éviterait de ne pas en prendre soin ! Exprimer ses émotions éviterait qu’elles restent enfouies en nous pour exploser au mauvais moment.
Je pense qu’il n’y pas de recette magique sur comment inventer une poésie. Il suffit de se lancer dans l’inconnu ! Laisser son âme s’exprimer que l’on soit enfant où adulte. D’abord sans chercher de rimes ni même
compter les syllabes, se laisser aller. Prenez le sujet qui vous inspire, regarder par votre fenêtre, marcher dans la nature ou la rue, contemplez, plongez-vous dans un souvenir heureux ou douloureux…
Tout est poésie car le poète vit « pour être » la vie et « pour être » lui-même ! C’est pour ça que nous sommes tous des poètes de la vie.
Enfin, écrire un poème avec des alexandrins demande une technique d’écriture plus affinée car il y a des règles qui se sont élaborées avec le temps. C’est un peu comme le solfège en musique. La maîtrise de l’écriture en alexandrins demande ainsi de la pratique.
Conseils pour écrire une poésie en alexandrins
Règles de base de la versification française
Chacun d’entre nous a croisé un alexandrin à l’école, vous devez vous rappeler ceci :
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- il fait douze syllabes, il existe une césure au milieu du vers qui le sépare en deux parties ou hémistiches.
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- Pour ceux qui ont bonne mémoire vous diriez qu’il existe des rimes féminines (qui finissent par e, es, ent et ne se prononcent pas) et masculines (toutes les autres), que le sonnet est la forme de prédilection.
- Pour les fans comme moi vous vous rappelez que les rimes sont dites pauvres quand un seul son est répété, suffisantes quand deux le sont et riches pour trois sons et plus (ex : mourir/sourire = 4 sons ou/r/i/r — cou/mou = 1 son = ou).
- Je me sers plus bas de mon poème Héliotropique amour afin de montrer des exemples.
Pour commencer, je vous conseille de d’abord écrire des vers de douze syllabes puis de rajouter petit à petit des contraintes à commencer par la césure à l’hémistiche. Des rimes pauvres au début suffisent, puis essayez de trouver plus de sons qui riment ensemble.
L’alexandrin : longtemps la « star » des vers aujourd’hui peu utilisé
Il existe encore d’autres règles liées à la poésie dite classique qui ont commencé à se fixer au XVIe siècle avec Pierre de Ronsard et Antoine de Baïf, puis le théâtre l’adopte au XVIIe siècle. Le XIXe siècle et les romantiques lui insufflent des nouveautés mais en préservant ses règles. Puis, au XXe on commence à l’abandonner vers un style plus libre avec différentes expérimentations qui se poursuivent au XXIe s.
C’est vrai que l’alexandrin peut paraître désuet mais il peut être utiliser de façon moderne et magnifier la création poétique par ses contraintes et l’harmonie qu’il dégage. Puis, c’est toujours une fierté de se dire que l’on respecte une tradition de plusieurs siècles dans le pas de nombreux poètes qui étaient aussi connus que nos rappeurs d’aujourd’hui !
Quid : les rappeurs sont-ils des poètes ? Pour moi oui car ils manient la langue pour retranscrire leur perception du monde et j’apprécie beaucoup la plume de certains comme NekFeu ou Oxmo Puccino.
Règles de la poésie classique : les incontournables
Les règles ont fixé l’alexandrin au fur et à mesure que le langage évoluait. Pour les puristes un poème ne peut être considéré comme classique si toutes les règles ne sont pas respectées.
Si votre poème est en alexandrins mais en oublient certaines il est communément appelé néo-classique.
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1) Le « e muet » et « élider la césure »
Le « e » est dit muet quand il termine un vers, pareil avec « es », « ent » ou « ée » . À l’intérieur d’un vers il est muet s’il est suivi d’un mot commençant par une voyelle ou un « h » aspiré. On dit qu’il est élidé (ex : bri/llan/te aube). Si le « e » est suivi par un mot qui commence par une consonne, il se prononce et compte comme une syllabe (ex : au/be/ bri/llante).
L‘élision est obligatoire à la césure, c’est-à-dire pour séparer les 6 premières syllabes des 6 suivantes.
2) Le hiatus
Le mot « hiatus » vient du latin est signifie « entrebâillement, ouverture ». En effet, quand deux voyelles se suivent sans s’élider, la bouche reste ouverte le résultat sonne désagréablement.
Prononcez par exemple et trouvez la disharmonie du hiatus: « Il a à écrire un poème » et « Il doit écrire un poème ».
En prosodie classique pure il est interdit mais permis dans le corps des mots et entre les vers.
« Et » est toujours suivi d’une consonne car il n’y à pas de liaison possible.
3) Diérèse et synérèse
Il suffit de compter le nombre de syllabes et voir si cela correspond à 12 ou non. Si ce n’est pas le cas c’est qu’il y a une diérèse ou synérèse dans un mot !
La diérèse vient du grec diairesis, division. Dans un mot, prononciation en deux syllabes de deux voyelles contigües sans consonne interposée.
Synérèse vient du grec sunairesis, rapprochement. Dans un mot, fusion en une seule syllabe de deux voyelles contigües sans consonne interposée.
Dans le langage courant, certains mots peuvent varier de prononciation à cause d’une quantité indéterminée de facteurs : on peut par exemple prononcer sueur en 1 (sueur) ou 2 (su/eur) syllabe(s) selon la rapidité d’élocution.
Or, la versification française étant basée essentiellement sur le nombre de syllabes des vers, il est important de savoir dans un poème quand compter (et prononcer) une ou deux syllabes quand un mot comporte une suite de voyelles sans consonne interposée.
Je trouve que c’est la règle plus difficile et que parfois la prononciation de certain mots diffèrent du langage oral.
Par exemple :
Les « ier » sont à mes yeux les plus complexes :
« ta/bli/er » et « en/cri/er » = diérèse mais « ta/pi/ss/ier »= synérèse.
Il y a des exceptions qui ne diffèrent pas de la prononciation orale et d’autres oui.
Comme les mots contenant « ui « .
La plupart forme une seule syllabe comme « nuit »
Mais il existe des exceptions …
Comme « an/nu/ité » qui est proche du langage courant et « ru/i/né » qui ne l’est pas !
Si vous souhaitez présenter votre poème à un concours les diérèses et synérèses sont à respecter.
Heureusement il existe des traités de versification pour nous guider !
Mon ressenti est que si vous vous lancez dans l’écriture en alexandrin classique autant aller jusqu’au bout après à vous de respecter où non certaines règles qui s’éloignent trop du langage oral. Puis, comme vous pouvez le voir dans mon poème ci-après, appliquer une diérèse donne un effet de style, une élongation du mot telle une extase, parfois harmonieux ou non.
Respecter la règle classique fait que l’on préfère certains mots que d’autres pour l’harmonie, ne pas la respecter peut est aussi un choix au nom de celle-ci.
À vous de choisir vous êtes le maître de vote plume !
4) Comment faire pour savoir ?
Des traités de versification existent avec des tableaux qui recensent ces particularités, ces règlent sont basées sur l’usage pour aider les poètes dans leur art. Je vous conseille ces deux incontournables :
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Sorgel. Guy, Traité de prosodie classique à l’usage des classiques et des dissidents, 1986
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Grammond. Maurice, Petit traité de versification française, 1908 et réédité en 2015
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Des exemples d’alexandrins en poésie : la magie opère
Quand règles riment avec harmonie et liberté
Après avoir lu les règles principales de la poésie classique vous pouvez vous dire à quoi bon toutes ces règles !
C’est vrai qu’il y en a beaucoup et que cela demande du temps pour les maîtriser. J’ai moi-même commencé à écrire des alexandrins sans me soucier des traités, en respectant la structure 12 syllabes et les vers coupés en 6 syllabes.
Cette quête de la forme était liée à la volonté de me structurer dans ma vie. La rigueur de l’alexandrin classique a été comme un tuteur pour m’aider à grandir, une thérapie pour être plus ancré sur Terre.
De plus l’idée de dépasser la forme pour exprimer librement ce que je ressens m’anime. Les règles créent une sorte de connexion transcendante au divin, comme si je n’avais pas le choix d’écrire certains mots ou certaines rimes, voir certains alexandrins.
De plus, les règles offrent une harmonie en limitant les sons disgracieux faisant sonner les alexandrins comme une partition de l’être.
Car il faut le rappeler, la poésie était d’abord oratoire avec les bardes, les chantres… Les bergers dans l’Antiquité avaient pour habitude de venir déclamer leurs vers sur la place du village quand ils rentraient des pâturages.
C’est pourquoi il est conseiller de lire les poèmes à haute voix pour apprécier leur musicalité et les lire intérieurement pour s’imprégner de leur sens qui peut résonner avec une partie de notre expérience !
Le rap est ainsi une sorte de retour aux sources qui se calque sur l’évolution du langage. Faisant même grincer des dents certains de nos politiques tant ce langage peut être acerbe et violent de vérité !
Je vais utiliser mon sonnet Héliotropique Amour, un de mes préférés, pour identifier certaines règles classiques et vous expliquer le secret de la magie des mots :
Le secret de la magie des mots : quand l’âme agit
La poésie comme thérapie
J’adore la poésie pour jouer avec les mots et faire ressortir ce que je ressens et animer la beauté. La poésie a la faculté de gaie-rire, d’évacuer ses ombres pour les transmuter en lumière et aussi de se reconnecter à la Terre et à l’humanité.
Il a été prouvé que l’art donne des bonnes énergies, rend les gens heureux en augmentant leur vibrations. Je pense à l’art-thérapie ou le musée sur ordonnance. Bientôt la poésie sur ordonnance ? Et pourquoi pas !
Je suis aussi énergéticien et j’aide les gens à retrouver l’harmonie et leur plein potentiel. Tout est lié.
Les mots sont des vibrations et leurs sons renvoient à des sensations. C’est ce que j’adore dans la poésie, quand le fond rejoint la forme. J’ai ainsi découvert dans les traités ce que j’avais commencé à expérimenter et que je s’appelle, le solfège secret des mots et des sons maîtrisé par les anciens poètes ! Il opère avec les voyelles et les consonnes.
Le solfège secret des mots
Tout son est comme une note. Le poète compose avec pour faire une harmonie et ressentir les émotions qui l’animent. J’écris chaque alexandrin comme une harmonie à la fois indépendante et connectée au reste du poème.
Les voyelles
Certains groupes de voyelles vont avoir des connotations joyeuses ( i,u,é,è), retentissantes (a, o) ou plutôt sombres (ou, on, au) etc.
Avec de nombreuses nuances comme les « a » qui peuvent s’identifier au vacarme :
« Aucun fracas de buccin ne sonnaient leur fanfare » Hérédia
ou à la gravité :
« Qui le pare et le drape en personnage grave » Paul Valéry
Les consonnes
Les consonnes aussi permettent de suggérer des émotions. Avec deux grands groupes :
- les consonnes dites instantanées P.T.C (dur) B.D.G qui donnent un aspect sec, d’hésitation ou d’agitation, de colère.
« …Et du coup te casse les rein » Barbier
- les consonnes prolongeables LMJN -SZFV aux nuances presque infinies , d’écoulement, de fluidité, de douceur, de plaisir de volupté.
« Et ta tresse se fraye un frisson sur ses flancs » Valéry « Profusion du soir »
Exemple de mon poème
Écrire c’est jouer avec les mots et je m’amuse avec les alexandrins à faire se rapprocher le fond et la forme
pour rendre le poème plus vivant.
Si l’on prend le vers du dernier tercet, le é et les è donnent une impression de joie et de légèreté, de lumière. Ils sont d’ailleurs nombreux dans tout le poème. On parle aussi d’assonances.
En violet les voyelles a,eu,em procurent un effet retentissant et donnent de la puissance à l’odeur des pétales.
Les premières consonnes instantanées t.p.t.d.t accroissent la force des pétales et ensuite les consonnes prolongées m.b.m.s.l leurs donnent une grande volupté, comme s’ils brillaient pour toujours.
Pour avoir une harmonie l’idée est de faire résonner des groupes voyelles similaires comme é/o et è/a.
C’est l’ensemble de ces accords qui fait la mélodie d’un poème.
Un simple mot peut tout changer, d’où le cadre donné par la partition syllabes !
Conclusion
Seul le lecteur se fait au final sa propre perception de ce qu’il lit et ressent mais en maîtrisant ces règles cela permet de lui donner un large panel de ce qu’on ressent en tant que poète.
L‘alexandrin est donc une merveilleuse invention qui donne d’infinies possibilités.
J’espère vous avoir aidé à comprendre sa beauté et peut-être envie d’en écrire certains. L’idée est de vous lancer et de vous faire plaisir, vous verrez jusqu’où les mots vous emmènent. Si l’alexandrin a trop de contraintes écrivez avec votre âme sans réfléchir, même les vers ne sont pas obligatoires. En poète de la Vie vous êtes le seul créateur et tout est possible !
Écrire est d’abord une auto-guérison ensuite on peut ou non partager la beauté de son âme qui s’exprime à travers nos mots afin de faire vibrer d’autres âmes.
J’ai fait ce choix en publiant mon recueil de poèmes La fleuraison du Lac et si le cœur vous en dit et n’hésitez pas à me partager les vôtres.
bonjour!
Bonjour 🙂